Restauration d'un tableau
du 18ième siècle
Juillet-Août 97
Le martyre de Sainte Catherine
On a effectué
huit opérations.
1 Nettoyage,
allègement des vernis
Existence de
deux vernis (un ancien et transparent, un plus récent et marron)
Le vernis en
vieillissant fonce et empêche la lisibilité de l’œuvre. De plus ce tableau a
été conservé dans des lieux humides ; le vernis s’est donc opacifié et a
blanchi (présence de chancis).
Le nettoyage
du tableau a été effectué avec un mélange de deux solvants : l’acétone
(très volatile) et de l’essence de térébenthine qui apporte la présence d’un
corps gras.
Le nettoyage a
été efficace dans les parties claires (ciel, carnation), il a permis de
découvrir la trace d’anciens mastics dans la partie de l’ange et dans la robe
de Sainte Catherine.
2 Enlèvement
de la toile de doublage
Cette toile,
faite d’un tissu grossier et abîmé était placée derrière la toile peinte
certainement pour renforcer l’ensemble ; cette toile était très détendue
et abîmée par l’humidité. Elle a sans doute été posée au cours d’une ancienne restauration .
Après avoir
enlevé cette toile, j’ai passé de la colle de peau à l’arrière du tableau et
j’ai posé des pièces en tissu synthétique dans les trous et fentes de la toile.
3 Pose des
premiers mastics faits à base de colle de peau et de Blanc de Meudon, en couches
successives.
Ce mastic peut
soit être posé à chaud sous forme de gouttelettes, soit à froid sous forme de
pâte que l’on réchauffe à la chaleur du corps, au creux de la main.
Ce mastic
convenant mieux à une peinture lisse, ce qui n’est pas le cas ici, j’ai opté
pour le choix d’un deuxième mastic, le mastic à la cire d’abeille qui
épouse mieux la texture de la toile et qui permet de supporter des empreintes
de texture, rappelant la trame de la toile .
Ce nouveau
mastic a entre autre permis de combler la lacune principale dans le manteau
de Ste Catherine ; pour retrouver la texture de la toile je me suis
servi d’un tissu grillagé qui a été appliqué sur le mélange à base de cire et
de résine encore chaud.
Avant le deuxième
masticage
Après le deuxième
masticage
4 Problème de
la tête de l’ange où la toile et la peinture sont en très mauvais état.
Ce problème
était dû au frottement de la traverse à l'arrière du tableau. J’ai décidé alors
de retirer la toile de son châssis initial, ce qui n’a pas été sans mal étant
donné la présence de nombreuses semences et clous rouillés qui maintenaient la
toile.
Afin d’aplatir
les bords et de retrouver une toile plate, la surface a eté
posée sur un grand plan de travail, elle a été nettoyée et humidifiée.
J’ai ensuite
décidé de doubler cette toile.
5 Doublage de
la toile
Au préalable
la toile nouvelle (mélange de coton et de lin) est tendue sur un chassis neuf (plus grand que l’ancien châssis). Ceci permet
d’avoir une surface plane et permet aussi d’avoir un tissu sous tension ;
ainsi lorsque l’on retendra les deus surfaces collées, il n’y aura pas de
décollement possible par la tension.
La nouvelle
toile est donc collée à la colle de peau, au verso de l’ancienne ; des
poids sont nécessaires car la colle de peau, colle naturelle à base d’eau prend
deux, trois jours pour sécher.
Lorsque le
tout est bien sec, on se sert de deux plaques en bois pour tourner le tout (la
toile est prise en sandwich entre les deux plaques)
Lors du
séchage, il a fallu protéger le plan de travail par du papier aluminium afin
que la toile ne se colle pas par capillarité au support.
6 Traitement
de l’ancien châssis
Le châssis est
limé sur les côtés, les anciens clous sont enlevés. Il est ensuite poncé et
traité avec des fongicides, à cause de la présence de vers à bois. Les
anciennes clés inefficaces, sont remplacées par de nouvelles .Le châssis
est alors de nouveau en tension grâce aux 8 clés dans les quatre coins .
7 Rebouchage
des lacunes
à l’aide d’un mélange pigment/vernis à retoucher
Il est
préférable d’utiliser des pigments mélangés à un vernis car cela donne des
couleurs plus intenses et cela vieillit mieux que si on avait utilisé des
pentures à l’huile toutes faites . De plus le
vernis à retoucher peut facilement être enlevé donc la restauration peut être
reprise par la suite
8 Mise en
tension de la toile sur son ancien châssis et finition des bords
Après avoir
attendu que le châssis soit totalement sec, et avoir reverni la toile (après un
certain laps de temps), la toile est retendue sur son châssis initial et on
réajuste les clés . Pour protéger le châssis du
vieillissement des agrafes on utilise des petits carton
à ph neutre.
9
Tableau restauré